La seule évocation du concept de psychologie positive pourrait laisser penser qu’il existerait une psychologie négative. Hors, comment une science et une pratique qui se veut au service des autres pourrait être négative ?

La psychologie positive n’est pas…
Une méthode Coué ou l’affirmation de vagues conseils de bon sens. Ce n’est pas proposer aux personnes de prendre la vie côté sourire, ni de ne plus penser à ce qui nous attriste. Ce n’est pas non plus forcer les gens à positiver, ni les forcer à « se bouger ».
Le psychologie positive c’est…
Interroger, distinguer et valoriser ce qui fonctionne bien chez les personnes, souligner leurs forces afin de pouvoir s’appuyer dessus. Comprendre ce qui chez chaque personne va lui permettre de surmonter l’adversité, résoudre les problèmes.
En 1998, Seligman prononça un discours à l’université de Pennsylvanie lors de la convention annuelle de L’American Psychological Association. Lors de son discours, Seligman pointait du doigt le fait que la psychologie se soit principalement concentrée sur les difficultés de la vie quotidienne et les maladies mentale, le pathologique en faisait l’impasse sur les vertus, les forces et les capacités des personnes. Seligman voulait interroger les concepts de bonheur, de créativité, de bien-être, de développement personnel, l’altruisme, la tolérance, etc.
D’ailleurs, en 1954, Maslow présentait ainsi la psychologie positive : « La science de la psychologie a été couronnée de bien plus de succès sur l’aspect négatif plutôt que l’aspect positif. Elle nous a beaucoup révélé à propos des imperfections de l’Homme, de ses maladies, de ses péchés, et très peu à propos de ses potentialités, de ses vertus, de ses aspirations réalisables ou de son entière stature psychologique. C’est comme si la psychologie s’était volontairement restreinte à seulement la moitié de sa juridiction légitime, et surtout à la moitié la plus sombre et la plus méchante ».
Il suffit aujourd’hui encore d’ouvrir des manuels de psychologies pour y lire les termes de pathologies, troubles, symptômes, diagnostics, traitement, inadapté.
Aujourd’hui l’objectif de ce courant psychologique est d’interroger à la fois les aspects positifs et les aspects négatifs de l’expérience quotidienne afin de pouvoir permettre à la personne de mobiliser l’ensemble des ressources dont elle dispose pour faire à ses difficultés. Développer l’optimisme au quotidien va en effet permettre d’interpréter l’adversité sous un autre angle et d’affronter un seul problème à la fois. Cette psychologie positive va permettre de développer l’altruisme, le sens des responsabilités, l’empathie et le rejet des catégorisations interpersonnelles.
La psychologie positive rejette donc l’idée que l’être humain soit mauvais par nature et que la nature humaine a besoin d’être controlée. Si interroger la notion de bonheur peut faire sourire et que tout cela ne semble pas très sérieux il faut garder à l’esprit que la psychologie positive est un champs disciplinaire dont les concepts sont évalués empiriquement. Ainsi, une personne qui aura pendant des années interrogé la notion de bonheur, sera plus facilement en mesure de faire face à des événements douloureux ou à maitriser ses émotions.
Ainsi, dans le monde du travail, se concentrer sur les forces des salariés permet de les motiver ; survivre à une catastrophe peut permettre de voir la vie différemment et de renforcer notre caractère. Il ne s’agit donc pas de nier de manière béate les émotions négatives mais bien de comprendre l’équilibre entre l’ensemble des émotions.
La psychologie positive c’est surtout s’interroger sur nous-même avant que les choses aillent mal, c’est faire un travail de prévention. S’interroger sur nous même quand la vie est difficile peut au premier abord sembler la bonne chose à faire, se remettre en cause, regarder dans la rétroviseur. Malheureusement, considérer notre existence avec un regard triste ne nous permettra pas d’être en mesure de voir nos qualités et nos réussites mais au contraire de les minimiser et de grossir nos échecs, nos difficultés.
Une approche intégrative
Psychologie cognitive et psychologie positive vont permettre de se concentrer sur des objectifs distincts, de se concentrer sur le présent, le « ici et maintenant », d’accepter la possibilité de voir le monde différemment, de réévaluer nos pensées. Surtout le patient est considéré comme un partenaire, un acteur de la thérapie.
De plus, la liaison de ces deux thérapies va nous permettre d’identifier les expériences réussies, de questionner les humeurs, de planifier des activités agréables et de résoudre des problèmes.
Objectifs de la psychologie positive
La psychologie positive n’est pas un état d’esprit ou manière de pensée, c’est une démarche scientifique qui s’appuie sur les avancées de la biologie, de la neuro-imagerie pour valider ses concepts, il est important de ne pas proposer des bons sentiments aux personnes mais d’avoir des arguments solides.
La psychologie positive va cependant pouvoir permettre le maintien de traits de personnalité (Allport, 1955), c’est à dire de cognitions, d’affects et de comportements positifs à travers l’acceptation de nous même, de nos défauts, de nos qualités ; le renforcement des relations interpersonnelles en développant l’empathie et la capacité à aller vers autrui ; l’autonomie en favorisant l’indépendance et le rejet de la pression sociale ; la maîtrise de notre environnement en nous permettant de déceler les opportunités à l’aide d’un regard différent ; la construction d’objectifs à long terme permettant d’insérer le quotidien des personnes dans une perspective life-span (tout au long de la vie) ; et enfin de développer l’estime de soi des personnes au jour le jour et favoriser leur équilibre psychique (Ruff et Singer).
La psychologie positive est enfin une pratique quotidienne, ce qui compte est ce que nous faisons au quotidien, ce que nous désirons mettre en oeuvre et pas ce que nous pensons de nous même.
Seligman, M. E. P. (1998). Learned optimism. New York: Pocket Books.
Maslow, A. H. (1954). Motivation and personality. Harpers.
Allport, 1955, cité par Linley et Joseph, 2004 vue dans « psychologie positive et eprsonnalité).
Ruff et Singer, cités par Snyder et Lopez, 2005
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