Le dispositif "Mon Soutien Psy" mis en place par le gouvernement se voulait une solution pour améliorer l'accès à la santé mentale en rendant les consultations psychologiques accessibles au plus grand nombre. En réalité, il s'agit d'une mesure inadaptée, qui ignore les besoins profonds des patients et réduit le rôle des psychologues à des interventions limitées. En tant que psychologue et psychothérapeute, je suis fermement opposé aux turbo-thérapies proposées par les gouvernements Macron.
Le dispositif Mon Psy a été imposé sans concertation avec les psychologues
Dès le début, le dispositif "Mon Soutien Psy" a été conçu sans aucune consultation des psychologues. Cette absence de dialogue est alarmante et révèle une méconnaissance des réalités de notre métier et des besoins des patients. En tant que psychologue, je constate chaque jour combien cette décision imposée à notre profession nuit à la qualité des soins.
Le gouvernement a agi unilatéralement, imposant des modalités de prise en charge restrictives, sans tenir compte des avis de ceux qui sont en première ligne. Cette absence de concertation a abouti à un dispositif rigide, déconnecté de la réalité du terrain. Non seulement cela dévalorise notre profession, mais cela prive également les patients d'une prise en charge adéquate, conçue avec ceux qui comprennent les véritables enjeux de la santé mentale.
Le dispositif Mon Psy dévalorise les compétences des psychologues
L'un des problèmes majeurs de "Mon Soutien Psy" est qu'il réduit notre intervention à des troubles dits "légers à modérés". En tant que psychothérapeute, je suis qualifié pour prendre en charge des pathologies plus complexes, qui nécessitent des compétences spécialisées et un suivi sur le long terme. Or, le cadre de "Mon Psy" réduit notre travail à 12 séances, poussant vers des « turbo-thérapies » standardisées.
Cette approche dévalorise notre métier en ignorant la richesse de nos compétences et notre capacité à intervenir sur des problématiques profondes. Elle dénature également la relation thérapeutique, qui demande du temps et de la continuité pour permettre aux patients d'évoluer et de trouver des solutions durables. Limiter nos interventions à des thérapies brèves et superficielles est non seulement frustrant pour nous, mais c'est aussi une injustice pour les patients.
Des conditions d'accès restrictives qui nuisent à l'accompagnement thérapeutique
Le programme "Mon Psy" limite la prise en charge à 12 séances au maximum, imposant un format inadapté pour bon nombre de patients qui auraient besoin d'un suivi régulier et approfondi. La thérapie, pour être efficace, doit s’adapter aux besoins spécifiques de chaque individu et ne peut se cantonner à des consultations brèves et génériques. En tant que psychologue, il est frustrant de voir mes interventions restreintes par ces limites arbitraires qui ne tiennent pas compte de la complexité des parcours de soins.
Ces restrictions entraînent aussi des interruptions de suivi pour des patients qui, faute de moyens, ne peuvent pas continuer leur prise en charge au-delà des 12 séances remboursées. Ils se retrouvent souvent contraints de se tourner vers les Centres Médico-Psychologiques (CMP), déjà surchargés et avec des délais d’attente pouvant atteindre deux ans. Ce manque de continuité est décourageant pour les patients et les éloigne d’une prise en charge cohérente et stable.
Une offre inadaptée et inégalitaire pour les publics précaires
Le dispositif "Mon Psy" visait à faciliter l'accès aux soins pour les populations en situation de précarité. Pourtant, dans la pratique, seuls 10 % des bénéficiaires sont issus de cette catégorie. Ceux qui ne peuvent pas se permettre de payer une thérapie en libéral continuent de se tourner vers les CMP, où les délais d'attente sont toujours aussi longs. Au lieu de répondre aux besoins des plus vulnérables, le dispositif "Mon Psy" les laisse sans réponse adaptée, renforçant les inégalités d'accès aux soins psychologiques.
Une opération de communication au détriment de la santé mentale
En l'absence de concertation avec les psychologues et en limitant les ressources disponibles, "Mon Psy" s'apparente à une simple opération de communication de la part du gouvernement. Plutôt que de renforcer le service public, ce dispositif contribue à sa fragilisation, en proposant une solution low-cost, superficielle et temporaire à un problème de santé publique qui exige des réponses solides et durables. Les 170 millions d’euros affectés à ce programme auraient pu financer environ 2 500 postes de psychologues dans les CMP, ce qui aurait permis de réellement améliorer l’accès aux soins.
Malheureusement, en favorisant le développement des "turbo-thérapies" au détriment des pratiques de soin approfondies, le gouvernement semble faire passer des objectifs de communication avant la santé mentale des citoyens en continuant la casse des services publics.
Conclusion : une profession qui boycotte massivement un dispositif inopérant
Face à cette situation, la profession a massivement boycotté le dispositif "Mon Psy". En tant que psychologues, nous refusons d’être réduits à des praticiens de soutien psychologique low-cost, contraints par un cadre qui ne répond pas aux besoins réels des patients. Le dispositif "Mon Psy" n’est pas seulement inopérant, il est nuisible pour la prise en charge de la santé mentale en France.
Une réforme ambitieuse, impliquant réellement les psychologues et renforçant le service public, est indispensable pour répondre aux besoins croissants de la population. La santé mentale mérite mieux que des solutions de façade ; elle nécessite des ressources adaptées, une écoute des professionnels, et une prise en charge qui respecte la dignité des patients comme celle des praticiens.
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