Une addiction est définie comme la dépendance d’une personne à un produit (cannabis, alcool, cigarette, etc.) ou à un comportement (jeux de hasards, jeux videos, etc.)
Cette dépendance, cette addiction va entrainer chez la personne des difficultés dans sa vie de tous les jours en terme de santé physique et morale, en terme de vie sociale, familiale et professionnelle mais également en terme financié. En 1990, Goodman nous a proposé plusieurs critères pour définir ce qu’est une dépendance :
Le premier des critères est l’impossibilité de résister à ses pulsions : se sentir obliger d’allumer cette cigarette, de boire ce verre, ou d’entrer dans le casino.
Le second des critères va précéder le comportement et sera une sensation de tension de plus en plus forte.
Une fois le comportement réalisé, la personne ressentira un sentiment de soulagement, de plaisir ou de satisfaction.
Par la suite la personne ressentira également un sentiment de perte de contrôle, si l’action à été bénéfique sur le moment et à court terme, elle entraine une difficulté psychique et parfois également physique quand il s’agit d’une dépendance avec produits.
De plus, Goodman nous indique qu’on peut évoquer une addiction quand cinq des critères présentés ci dessous sont réunis :
- La personne ressent une agitation ou une irritabilité quand elle ne peut réaliser le comportement.
- Avec le temps, la personne va devoir augmenter les doses ou multiplier les comportements pour obtenir les effets désirés. Il s’agit de ce qu’on l’appelle l’accoutumance.
- La personne a conscience que son comportement est problématique mais ne trouve pas de solutions pour stopper ce dernier.
- Les activités personnelles, sociales, familiales, professionnelles vont être impactées par ce comportement.
- Le comportement va se présenter en présence de stress important (examen, charges à payer, reprise du travail, etc.).
- Les pensées de la personne seront dirigées vers son addiction à la préparation de ses prochains comportements (aller acheter à boire, recherche des stupéfiants, etc.)
- Perte de contrôle de ses actions par rapport aux début, ce qui pouvait être perçu comme récréatif devient indispensable.
- Le temps de rémission suite aux comportements devient de plus en plus long, et il devient de plus en plus difficile physiquement et moralement de s’en remettre.
Un comportement est donc qualifié de nocif quand il présente des dommages physiques, psychiques et sociaux.
Il sera également qualifié de dépendant quand la personne n’aura plus la maîtrise de son comportement
Un des éléments les plus importants sur lesquels on peut s’appuyer afin de sortir de l’addiction est la motivation de la personne. La motivation va nous permettre de poser les fondations thérapeutiques et déterminer les stratégies les plus adaptées à la fois au type d’addiction mais également à la personne présente, le rôle du psychologue est ici primordial car il devra apporter un soutien très fort.
Proschaska et DiClemente ont ainsi présentés un modèle d’alliance thérapeutique motivationelle présentant les six stades du changement :
Dans le stade dit de précontemplation, la personne aura un degré de motivation qui sera relativement faible. Visualiser un changement, se projeter dans l’avenir pourra être difficile. Le travail sera ici avant préventif et explicatif, les mécanismes et les risques de l’addiction pourront être expliqués. Ce sera ensuite à la personne de décider de poursuivre ou non un travail, le psychologue ne devant contraindre ou forcer la personne à entamer un travail.
Le stade dit de la contemplation va être celui du questionnement. Il est difficile de se débarrasser d’une addiction car elle vient combler un déficit qu’il est parfois difficile de désigner. Dès lors, quels seront les bénéfices et les pertes à sortir de cette addiction ? Si de prime abord, cette question peut sembler incongrue pour la personne ne souffrant d’aucune addiction, il est cependant très important de questionner cette ambivalence afin de pouvoir cerner aux mieux les difficultés de chaque personne.
Si les premières étapes de prévention et de questionnements ont été réussies, la personne pourra avoir envie d’entrer dans la phase de détermination. La personne souhaite maintenant entamer un changement et il va falloir, toujours en accord avec cette dernière, proposer des stratégies, les modifier afin que la personne puisse se projeter dans un futur proche.
Par la suite, la personne pourra avec son psychologue entrer en phase d’action. Le rôle du psychologue sera de soutenir les actions entreprises par la personne, maximiser ses réussites, le conseillier en cas de doute. Cette étape, pourra par la suite mener la personne à l’étape de maintien : le regard portée par la personne sur son addiction et sur lui-même ayant changé il s’agira de faire perdurer le changement. Se couper d’une addiction est un processus souvent long et il est nécessaire de continuer le travail de prévention afin d’éviter toute rechute.
Il est important de noter que sortir d’une addiction peut être difficile et que des comportements de rechute peuvent arriver. Il ne faut jamais dramatiser ses rechutes, ces dernières ne sont pas des catastrophes. Il faut au contraire les discuter afin de pouvoir établir au mieux des modifications dans la prise en charge.
Le travail s’effectuera sur deux versants : cognitif (les pensées que nous allons entretenir avec les addictions) et comportemental.
Travailler sur les pensées va nous permettre de réfléchir à la place qu’à l’addiction dans la vie de la personne : comment en-t-elle venue à présenter cette addiction ? Y a-t-il eu des facteurs déclenchants, un parcours de vie ? Comment favoriser l’émergence de pensées positives pour sortir de cette addiction, retrouver la confiance en soi, gérer les mauvaises pensées qui pourraient entrainer une rechute ?
L’aspect comportemental est également important dans la résolution du problème : apprendre à se désensibiliser du produit ou du comportement, réussir à refuser une cigarette ou un verre avec des amis, apprendre à gérer son angoisse et son stress quand celui-ci deviendra très fort et qu’une rechute sera possible.
Les raisons qui vont engendrer une addiction sont ainsi souvent variées et liées au type d’addiction, à la personnalité, aux événements de la vie, au contexte social, économique, familial et à la durée de l’addiction. Interroger l’ensemble de ces facteurs est un pré-requis indispensable pour une bonne prise en charge.
Goodman, A. (1990). Addiction : definition and implications. British Journal of Addiction, vol. 85 (issue 11), 1403-1408
Prochaska, J. & DiClemente, C. (1983). Stages and processes of self-change of smoking: towards an integrated model of change, Journal of Consulting Clinical Psychology, 51, pp. 390-395
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