Qu’est-ce que le burn out ?
Le burn-out, ou syndrome d’épuisement professionnel est selon l’OMS un « sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d'incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail ». Autrement dit, un ensemble de symptômes vont se présenter et caractériser le burn-out : épuisement généralisé, anxiété, stress, baisse de la motivation, etc.
L’idée de burn-out a été mis en avant dans les années 1970 par Herbert Freudenberger pour désigner un déséquilibre entre nos attentes dans notre travail et la réalité de ce dernier.
Dès lors, cette perte d’équilibre entraîne des perturbations, qui vont conduire à des états de tensions, à une fatigue au travail.
Christina Maslach qui a également été une des pionnières concernant cette thématique a pour sa part mis l’accent sur les conditions du travail pour expliquer la survenue d’un burn-out : est-ce que notre travail correspond à nos valeurs ? Notre travail est-il une part de notre identité ? Est-ce que nous avons des moyens suffisants pour réaliser notre travail correctement ? Est-ce que notre travail est gratifiant et gratifié ? Existe-t-il des tensions, des conflits au sein de mon travail ? Etc.
Les facteurs de risques du burn-out
Les facteurs de risques sont multiples et touchent de nombreuses sphères différentes, d’ailleurs, le rapport Gollac identifie 6 catégories différentes de risques psychosociaux liés les uns aux autres pouvant conduire à un burn-out.
1 - Une organisation du travail inadaptée et une forte intensité. Il peut s’agir d’une surcharge de travail, d’objectifs flous ou irréalistes, de contraintes quotidiennes qui vont conduire la personne à être de plus en plus débordée au quotidien, à ne plus comprendre quels sont ses objectifs et comment les atteindre. Le travail devient chaque jour, de plus en plus kafkaïen.
2 - Des exigences émotionnelles trop fortes. Dans certaines structures, le besoin de contrôler ses émotions devient une exigence si importante que ces dernières peuvent déborder. Les métiers de service à la personne, de contact avec le public ou les entreprises souhaitant mettre en place une culture positive sans créer des espaces de discussions sont particulièrement impactés.
3 - Une faible autonomie conduit à une dévalorisation de ses compétences et de sa formation. Ce manque va souvent créer un sentiment de dévalorisation, un sentiment que nous ne sommes plus un élément important de notre entreprise à qui on peut demander son avis ou prendre conseil mais juste un élément interchangeable.
4 - Des relations de travail conflictuelles. Un mangement de type directif, peu soutenant, mettant en place des objectifs impossibles à tenir va engendrer des tensions importantes. Des relations difficiles avec des collègues de travail vont également nous déstabiliser. Comment réussir à s'épanouir dans un environnement néfaste ?
5 - Les conflits de valeurs, c’est à dire l’inadéquation entre nos espérances, notre morale et notre travail quotidien. Ainsi, on peut parfois avoir le sentiment que notre travail est inutile, n’apporte rien à la société ou à nous même.
6 - L’insécurité de l’emploi est enfin un élément particulièrement stressant. La multiplication de contrats courts, une rémunération faible ou liée à notre rendement ou notre productivité ; un emploi précaire sur laquelle pèse le risque de licenciement sont autant d'éléments qui vont provoquer une insécurité matérielle et donc engendrer des doutes, des questions sans réponses.
Il faut également noter que des antécédents dépressifs, certains traits de personnalité, l’âge et l’expérience des personnes sont des facteurs pouvant faciliter la survenue d’un burn-out. C'est la combinaison de plusieurs de ces facteurs qu'il faut questionner : sont-ils présents depuis longtemps ? À quelle intensité ?
Les symptômes du burn-out
En 1998, dans leur analyse de la littérature scientifique, Schaufeli et Enzmann nous ont indiqués que plus de 130 symptômes différents avaient été identifiés au sujet du syndrome d’épuisement professionnel. Si les symptômes sont divers et variés, de grandes thématiques peuvent être identifiées :
- Des troubles de l’humeur (irritabilité ; impatience) ;
- Des troubles du sommeil ;
- Un fatigue physique et psychologique ;
- Des déficits cognitifs (perte de mémoire, difficultés attentionnelles) ;
- Des douleurs psychosomatiques (céphalées, troubles digestifs)
Tout d’abord nous pouvons identifier des difficultés émotionnelles.
Ces difficultés peuvent varier en fonction des personnes en terme d’intensité ou de durée mais on assistera le plus souvent à une forme de pessimisme voire de désespoir sur sa situation. Ces émotions liées à des sentiments de perte de contrôle peuvent également engendrer une forte tension qui pourra se traduire par une irritabilité, une forme de cynisme et in fine un sentiment de perte de contrôle sur les événements. Ces émotions multiples, parfois contradictoires qu’il peut être difficile à définir vont créer une forme d’hypersensibilité quotidienne créant épuisement, indécision, perte de motivation mais également difficultés à interpréter correctement les événements et le quotidien. Tout pourra devenir source de stress et renvoyer au travail.
À ces difficultés émotionnelles vont s’ajouter des difficultés cognitives. Il devient au quotidien de plus en plus dur de se concentrer sur une tâche à accomplir ou sur un problème. Parfois il peut s’agir de la simple lecture d’un document : on peut lire mais on ne retient rien, on n’arrive pas à assimiler. Ces difficultés de concentration vont entrainer des difficultés dans la prise de décision, des oublis, des erreurs parfois anodines vont s’accumuler et participer au sentiment de dévalorisation et d’échec.
Les difficultés vont également toucher la sphère interpersonnelle.
Si gérer ses émotions devient de plus en plus difficile, nos relations avec les autres en seront également affectées. Il est important de préciser « nos relations » car les relations de travail mais également sociales et familiales seront touchées.
On pourra ainsi noter que la difficulté d’être au contact d’autres personnes pourra se traduire par une forme d’agressivité, chaque geste ou comportement anodin pourra provoquer une irritabilité ou être perçu comme un geste d’agressivité. Cette impulsivité va après coup engendrer un sentiment d’échec favorisant le maintien d’idées négatives « je ne sais pas me gérer », « tout le monde m’en veut » qui auront une influence sur les émotions.
Il est également possible que le burn-out entraîne un repli sur soi et un désir d’isolement, si notre présence physique est assurée, si les conflits sont en partie absent, on se retrouve petit à petit désinvesti dans notre travail.
Dès lors, ces difficultés vont engendrer une baisse du sentiment d’accomplissement personnel, le travail, notre travail n’a plus aucun intérêt à nos yeux, les perspectives d’avenir diminuent, on se sent inutile et on se dévalorise jusqu’à perdre toute motivation dans un travail qui semble ne plus nous correspondre. Dès lors, le regard que nous portons sur nous même va changer négativement et notre estime de soi diminuer.
Des troubles psychosomatiques et physique peuvent également se présenter et il est parfois difficile de lier ces derniers à un burn-out tant ils peuvent parfois paraitre anodins, être dus à l’âge, pas suffisamment ou au contraire trop forts pour être liés à un burn out.
Des troubles digestifs peuvent être dûs au stress engendré au quotidien, ces derniers pouvant engendrer une perte de poids importante. L’inverse est tout aussi vrai, le stress peut également provoquer une consommation excessive de nourriture et engendrer une augmentation du poids et parfois créer des addictions.
L’absence d’un sommeil récupérateur, des difficultés pour s’endormir (les pensées étant toujours tournées vers le travail) peuvent engendrer des difficultés et participer à cet état de fatigue constant. D’autres types de douleurs chroniques peuvent s’ajouter.
Comment prévenir un burn-out ?
Pour prévenir un burn-out, il faut agir sur plusieurs plans, sur plusieurs types de prévention : primaire, secondaire et tertiaire.
La prévention primaire va avoir pour but de supprimer les causes du burn-out afin d’empêcher sa survenue. Ici, il va surtout être question de comprendre l’environnement de travail de la personne dans sa globalité afin d’agir en amont de potentielles difficultés. Dès lors, il ne s’agit pas seulement de travailler avec une personne mais avec l’ensemble du collectif et toute la chaîne hiérarchique.
Est-il possible de modifier les postes de travail, les horaires, de discuter des objectifs et de l’implication des travailleurs dans les prises de décisions ? Comment permettre une meilleure communication au sein de l’entreprise ou une meilleure connaissance de sa culture ? Bien souvent, ce type de prévention demande une implication sur le moyen-terme du psychologue. Il pourra identifier des pistes de réflexion à l’aide d’entretiens, de questionnaires, de focus-group ou créer des séminaires dédiés à des thématiques précises : gestion du stress, harcèlement, santé au travail, etc. Ce type d’action sera efficace si l’entreprise est en mesure de remettre en question son mode de fonctionnement et de mettre en place les pistes de recommandation.
La prévention secondaire va être utile quand des signes d’épuisements, de conflits sont déjà apparus. Il faut agir à la fois sur le collectif et l’individuel. La prise en charge des personnes en état de fatigue, de stress est alors importante afin de proposer un suivi en fonction de leur demande.
Continuer ou entamer un travail de réflexion avec la hiérarchie et la direction est également nécessaire afin d’identifier les freins dans l’organisation du travail qui ont conduits à cette situation.
Si des situations de burn-out ou de turn-over importants ne sont pas encore très présents, la prévention secondaire va permettre d’agir avant que les effets les plus néfastes soient présents.
La prévention tertiaire va prendre place quand le burn-out est déjà présent. Il sera ici question de prendre en charge les personnes qui font face à un syndrome d’épuisement professionel afin de leur permettre un retour progressif au travail dans de bonnes conditions.
La prise en charge du burn-out
Quand le burn-out est présent il devient nécessaire de prendre en charge les personnes afin de leur proposer un suivi adapté : c’est à dire en prenant en compte les aspects tant individuels (TCC) que sociaux ayant conduits à cette situation.
Il faudra agir sur plusieurs pans de la vie de la personne pour lui permettre de dépasser l’idée qu’elle doit absolument tout donner à son entreprise ou qu’elle n’est pas capable d’assumer correctement son travail.
L’objectif est de permettre à la personne de retrouver un équilibre et une harmonie entre ses émotions, ses pensées, ses comportements et son rapport aux autres.
Sur plan cognitif, nous pourrons travailler sur votre perception des événements et la possible survenue de ruminations, d’idées fixes qui vous empêchent de passer du monde du travail à votre monde personnel. Bien souvent, ces ruminations vont entrainer des croyances à propos du travail ou de votre personne dont il est difficile de se détacher tellement ces dernières semblent pertinentes et justes. Il peut s’agir de croyances inconditionnelles selon lesquelles il faut passer beaucoup de temps au travail, faire des heures supplémentaires, être apprécié de tous ses collègues ou de sa hiérarchie, que les erreurs sont totalement inacceptables, etc. La mise en place d’une démarche de questionnement de ces croyances permettra de porter un autre regard sur vous-même et sur le travail de manière générale.
En lien avec l’aspect cognitif, nous travaillerons sur le plan émotionnel, c’est à dire sur votre capacité à repérer les émotions négatives quand elles se présentent, votre capacité à les identifier et à les gérer. Ce travail est important car il permettra d’éviter d'entrer dans une spirale descendante de laquelle il serait difficile de sortir.
Le travail comportemental vous permettra pour sa part de mieux appréhender votre quotidien en travaillant sur votre rythme de sommeil, vos habitudes alimentaires, la mise en place d’activités sportives, de loisirs ou de temps libres. Ces activités permettront de mieux cloisonner le professionnel et le personnel.
Enfin, le travail social sera l’occasion d'interroger votre rapport aux autres pour redonner à chaque personne la place qui est la sienne : être en mesure de dire non à son supérieur hiérarchique, de demander un complément d’informations à ses collègues, mieux communiquer avec ces derniers ses difficultés pour comprendre qu’on n’est peut-être pas seul à vivre une situation compliquée. Bien souvent, un feed-back extérieur peut permettre de remettre en cause notre ressenti, la manière dont nous avons vécu certains événements. Les habiletés à communiquer au travail sont essentielles mais il ne faut pas négliger sa famille ou ses amis, réussir à retrouver le soutien que ces derniers peuvent nous apporter est une étape importante du processus pour sortir du burn-out.
Une prise en charge pour un burn-out va s’étaler sur plusieurs mois. Il faudra donc veiller à favoriser un retour à la normale de manière progressive en faisant attention à prévenir les rechutes. Il est important de bien identifier les facteurs de stress mais également les éléments moteurs pour une meilleure prise en charge.
Burn-out ou dépression
Lors d’une dépression, nous avons conscience de nos difficultés, à contrario, une personne souffrant d’un burn-out pourra ne pas savoir mettre de mots sur ses difficultés, ne pas en avoir conscience voire même, être dans une forme de déni.
Quand le burn-out se distingue par une forme de volonté de perfectionnisme, d’être le plus minutieux possible, par l’envie de tout faire tout seul et donc de surinvestir la sphère professionnelle, la dépression se distingue par des difficultés à trouver du sens dans les activités du quotidien, à se désinvestir dans les activités journalières.
Dès lors, la notion de temps va également être importante : trop rapide, ingérable dans le cas d’un burn-out ; impalpable, interminable dans le cas d’une dépression.
Enfin, là où le burn-out va rendre la personne qui en souffre irritable, irascible, sous tension permanente, avec des « hauts et des bas » rendant l’endormissement difficile et une hyper-activité centrée sur une activité précise (le travail), une personne souffrant de dépression se distinguera part une humeur triste constante, par un manque d’énergie, des difficultés à se réveiller et une perte d’intérêt généralisé, un questionnement existentiel.
Burn-out parental, bore-out
Si le burn-out est associé au travail, il faut savoir qu’un burn-out peut survenir en dehors du travail : Des parents peuvent se retrouver épuisés dans leur quotidien avec leurs enfants, on peut éprouver des difficultés pour gérer notre quotidien, le burn out peut être présent dans multiples situations.
Enfin, il arrive que nous soyons en situation de bore-out, c’est à dire que notre travail nous ennui, ne nous stimule pas et ne nous apporte plus satisfaction.
Comments